Poum poum. Poum. Poum Poum. Je fermais les yeux et me crispais. Mon cœur ne suivait plus la cadence, cela faisait plusieurs fois pendant le cours qu'il ratait un battement... Je faisais semblant de rien, prenant une forte inspiration pour ensuite expirer doucement. Je n'avais pas envie de finir à l'infirmerie. J'en avais marre de cet endroit où les murs étaient trop blanc et où absolument tout sentait le désinfectant. J'essayais de prendre sur moi, même si cela s'avérait de plus en plus compliqué. Poum poum. Poum. Poum. Poum poum. Je tentais de me concentrer sur autre chose que mon cœur, pensant que si je l'ignorais, il allait repartir. Oui, c'était stupide de ma part de penser ça. Cela n'arrangea rien et celui-ci se faisait davantage remarquer. Il fit un autre raté, bien plus douloureux.

Serrant les dents, je ne laissais rien paraitre sur mon visage mais mes mains agrippèrent aux bords de ma table. Ma voisine de table le remarqua, et inquiète, décida d'en alerter le professeur sans même m'avertir au préalable, ce qui lui valut un regard noir. Et c'était repartit pour un tour à l'infirmerie, sachant très bien ce qu'on allait me dire. "Je ne peux que te dire de te reposer car je ne sais pas si des médicaments pourraient faire quoi que ce soit." Sous le regard du professeur et, accessoirement, de toute la classe, je quittais le cours après avoir refusée d'être accompagnée. Je pouvais encore me débrouiller toute seule. Du moins, jusqu'à ce que je sorte de la pièce, j'en avais au moins l'air. Une fois dans le couloir, mes jambes se dérobèrent presque sous moi et je pressais mes bras contre ma poitrine.

Je fus à nouveau obligée de me concentrer sur ma respiration, car quand mon cœur avait un raté, celle-ci avait le mauvais réflexe de se bloquer. Une fois ceci de régler, je me relevais doucement et reprit ma marche vers l'infirmerie, heureusement pas très loin des salles de cours. J'ouvrais la porte, m'attendant à voir l'infirmière ou des blessés sur les lits mais rien de tout cela. Juste un homme à la taille et à la carrure imposante à côté de moi, ma petite taille et mon air fragile. Il me semblait l'avoir déjà vu dans le lycée. Surement un membre du personnel.


Je secouais la tête. Malheureusement, personne ne pouvait rien faire pour moi.


Je traversais la pièce et m'installais sur un des lits, me recroquevillant sur celui-ci, les bras à nouveau contre ma poitrine. Mon cœur battait toujours de façon saccadé. J’espérais que le membre du personnel ne faisait pas partie d'une de ses races pouvant entendre le moindre bruit dont les pulsations cardiaque. Je n'avais pas envie d'être questionnée là dessus. Je voulais juste que l'on me laisse tranquille, souffrir en paix au moins jusqu'à ce que mon jumeau soit au courant de cette nouvelle crise et ne vienne.

Je laissais mes yeux clos, me concentrant sur mon cœur agonisant à petit feu, tout en souhaitant que le membre du personnel du lycée parte pour que j'essaie de gérer cette affreuse douleur tranquillement. J'entendis un soupire, puis un déplacement, des bruits de pas qui semblaient se rapprocher et ne s'arrêtèrent qu'à mes côtés. Enfin, je ne savais pas exactement où il était, jusqu'à ce que quelque chose touche mon épaule. Surprise par sa proximité et son contact, je rouvris les yeux, ceux-ci passant de sa main à son visage.


Je retiens un soupire exaspéré et une réplique désagréablement ironique comme un "Non, sans blague !". Allait-il faire d'autres remarques à la con comme celle-ci ? Je tentais de rester calme, m'emballer n'était pas bon pour mon cœur et ne servirait à rien. Je préférai encore me tenir silencieuse. N'ajoutant rien à ceci. Il prit un tabouret qui trainassait dans l'infirmerie et le tira vers lui, s'asseyant dessus, toujours à côté du lit sur lequel j'étais allongée.


Je restais... Perplexe face à ses paroles. D'où sortait-il ? Aucun médecin, aussi professionnel qu'il soit, avait réussit à trouver quelle était ma comme maladie, il ne me considérait même pas malade car tous les symptômes de ma maladie regroupés n'en formaient pas une qu'ils connaissaient et avaient marqués dans un de leur foutus livres qu'ils avaient appris par cœur pendant leur études en médecine... Et il se prétendait capable de guérir un mal qu'il ne connaissait pas ? De plus, il demandait une certaine condition. Je ne voulais être redevable à personne. Poum... Poum, poum... Poum... Mon rythme cardiaque diminuait drastiquement de minutes en minutes.

« Tu peux aussi ne pas me croire, rater l'occasion d'aller beaucoup mieux et de ne plus jamais souffrir de ton petit problème de rien du tout. Mais ça ne relève pas de mon choix. Tu fais ce que tu veux de ta vie, pour autant que tu arrives à survivre suffisamment longtemps pour pouvoir profiter de celle-ci. Ça fait réfléchir hein ? »

S'en était trop. Ma patiente avait une limite et mon silence aussi. Il avait franchit la ligne rouge avec tout son beau discours dont il avait l'air d'être fier.

« ... Penses-tu que je ne sais pas déjà tout ça ? Que je suis condamnée... Si il y avait une quelconque façon de me guérir, les médecins auraient été les premiers à le savoir non ? Je n'ai pas trainée cette maladie des années pour rien. Ce n'est donc pas quelqu'un avec aucune connaissance en médecine qui va réussir à me soigner. Désolée d'avoir peine à te croire, mais comprend que je me suis déjà fait à l'idée de mourir dans les prochaines années, mois, jours voir même minutes. »

Mon cœur fit un raté et j'eus l'impression que ma cage thoracique avait voulu écraser celui-ci tant la douleur était forte. Je me mordis la joue presque à sang et mon petit corps se recroquevilla sur le lit aux draps blancs hôpital. Ne voulant pas qu'il soit témoin de cette nouvelle crise de douleur plus intense que la première, je me tournais pour lui faire dos. Mes mains vinrent se replacer contre ma poitrine et fermait à nouveau les yeux, espérant peut être les fermer sur la souffrance.

Un soupire résonna dans la pièce, l’avais-je convaincu ? Non. Ce n’était pas un soupire de résignation. Je sentis son regard dans mon dos et il haussa alors d’un ton, exposant sa manière de voir les choses d’une façon assez brutale et qui me fit l’effet d’une claque intérieure. Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle là et je savais pertinemment qu’il avait raison.  Serrant mon poing contre ma poitrine jusqu’à faire blanchir mes articulations et planter mes ongles dans ma paume, mon égo ne m’autorisait pourtant pas à reconnaître ses arguments. De plus, un tas de questions trottaient dans ma tête, elles défilaient aussi vite que mon cœur battait lentement. Avais-je souffert pour rien ? Etant donné que la solution à ma maladie était dans ce lycée depuis le début ? Pourquoi, comment et surtout quand avais-je finit par cesser de me battre contre ça et pourquoi avais-je accepté ma très probable mort ? J'entendis le concierge se lever en soupirant, sans doute excédé par ma conduite et mon silence qui traduisait mon attitude bornée.

Je reçus encore une gifle intérieure. Pourquoi étais-je si têtue ? Étais-je vraiment prête à laisser un telle occasion juste à cause d'un fichu égo déplacé ?! ... Non. Puis je ne pouvais pas mourir. Je ne voulais pas mourir. Mon cœur malade avait déjà posé assez de soucis comme ça rien qu'à mon jumeau qui avait été bien gentil de supporter ma faiblesse. Je voulais lui prouver qu'il n'avait pas eut à faire tout ça pour rien. Je me tournais donc, retrouvant ma position initiale, sur le dos, fixant le plafond et, alors qu'il allait partir, je ravalais mon égo.

Je tournais mon regard, qui trahissait la souffrance que mon rythme cardiaque trop faible m'infligeais, vers lui, sans lui laisser le temps de répondre à ce que je venais de dire.

Nous n'avions pas vraiment beaucoup échangés sur nos identités respectives et je me voyais mal appeler quelqu'un qui m'a soigné "truc" ou "machin". Déjà qu'en tant que membre du personnel j'étais censé le vouvoyer mais que je le tutoie depuis le début, alors devoir lui donner de tels surnoms était encore plus impoli...

En entendant que j'avais changé d'avis quant à ma décision d'accepter ou non son marché, il s'approcha donc à nouveau de moi et s'assied sur le tabouret à mes côtés comme avant qu'il ne se lève. Un sourire vient alors étirer ses lèvres quand je lui demandais de se présenter.

Petit chat ? Comment savait-il que j'étais un chat ? Remarque, si il savait identifier et guérir ma maladie, il était surement capable de savoir ma race et de pleins d'autres choses qui me dépassaient. Je commençais vraiment à me demander à quoi m'attendre d'autre de sa part, mais j'aurais sans doute des réponses plus tard. Je mis donc tout ça de côté et me présentait, quelque peu douloureusement car mon cœur reprenait ses infatigable ratés. Vivement que tout ceci cesse.

Rei prit alors ma main une fois qu'il sut mon prénom, pourquoi, je ne savais pas, mais si mon rythme cardiaque continuait à faire des siennes, je risquais de finir par lui broyer la main. Quoi que... Je ne m'estimais pas si forte, par contre, mes ongles au bout de mes doigts pouvaient faire mal si il venait à se planter dans sa peau. Je tentais de penser à autre chose et l'écoutais attentivement.

Je le regardais, étonnée dans un premier temps. Je m'étais attendu à plusieurs contre partie pour ce marché mais celle-ci ne m'était jamais venu à l'esprit... Il était si... Imprévisible. Un silence s'installa, me demandant se que je pouvais répondre à ça. Je ne semblais pas bien réalisé l'ampleur de ce qu'il demandait mais était-ce vraiment beaucoup par rapport à ma vie qui serait sans doute amener à de meilleurs jours une fois tout ceci finit ? Un soupire franchit mes lèvres, non, je ne comptais pas renoncer à ma décision. Peut importait les conséquences de celle-ci.

Je n'ajoutais rien à sa réplique, il pouvait bien penser ce qu'il voulait, de toute façon, je commençais à ne plus supporter la douleur et à ne plus pouvoir réfléchir sur ce qu'il disait. La douleur était parfois tellement forte qu'elle bouchait mes oreilles et brouillait ma vue. Je soupirais simplement, le voyant étonné et perplexe que j'accepte aussi vite et surtout aussi facilement. Il se leva alors et troqua le tabouret pour le lit sur lequel j'étais, venant s’asseoir à mes côtés tout en se penchant au dessus de moi, son collier pendant pas loin de moi.

Le desceller ? Sa race faisait que ses pouvoirs devaient être scellés ? Je commençais à me poser de plus en plus de questions sur lui, mais je m'abstenais de les poser. De toute façon, l'heure n'était pas aux paroles, mais aux actes, je hochais alors doucement la tête pour montrer que j'avais compris. Il poursuivit donc.

Je hochais derechef la tête, même si Rei m'affirmait que je n'allais pas avoir mal, j'appréhendais quand même. J'inspirais et expirais une dernière fois puis me lançais. J'attrapais le collier délicatement et tirais dessus un coup sec, la chaîne me restant dans les mains comme prévu.

[Désolée, c'est court :/]

Une fois le collier enlevé d'un coup sec, Rei entama une étonnante transformation. Ses cheveux d'une couleur si particulière, entre le bleu et le vert, devinrent peu à peu blond et ses yeux changèrent de couleur comme de forme, ils passèrent d'un bleu saphir à un rouge écarlate dont les pupilles étaient devenus verticales. Il avait le même regard que moi quand mon instinct félin prenait le dessus. Je dû avoir l'air stupide avec mon air étonnée, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il change d'apparence une fois descellé. Il me sourit.


J'enlevais mon bras de mon thorax et il posa alors sa main sur ma poitrine, comme il me l'avait indiqué avant. Malgré ça, je ne pus m'empêcher de rougir en le sentant faire et encore plus lorsqu'il agita doucement ses doigts sur celle-ci. Puis il appuya un peu dessus et un halo de lumière dorée donna l'impression de s'échapper de ses mains pour venir directement toucher son cœur. Comme prévu, il n'y eut aucune douleur, juste une douce chaleur presque agréable qui afflua dans tout mon thorax. Rei qui souriait toujours, finit par demander.


Sa question finit d'achever mon rougissement déjà assez voyant, cependant, je n'eus pas vraiment le temps de réfléchir d'avantage à ça. Je sentis mon cœur se débattre fortement au traitement que le concierge lui faisait subir, puis, au bout d'un instant il s'y accoutuma et se mit à s'accélérer peu à peu jusqu'à ne plus lâcher ce rythme régulier que devait n'importe quel cœur pour pouvoir vivre normalement. Quand Rei retira sa main pour la placer à côté de ma tête, je lâchais un soupire d'aise en fermant les yeux, cela faisait bien longtemps que je n'avais plus eut à me soucier de ma maladie.


Je rouvris les yeux et plantais mon regard. Oui, j'étais guérie mais j'avais encore du mal à le réaliser. Hochant simplement la tête, je me redressais doucement sur le lit de l'infirmerie. J'étais à présent très proche de lui et, puisqu'il avait remplis sa part du marché, je n'avais aucune raison de ne pas faire de même. Je me rapprochais encore et encore jusqu'à ce que nos visages ne soient plus qu'à quelques centimètres, juste assez pour me faire grandement rougir. Hésitant un dernier moment, je finis par déposer mes lèvres contre les siennes dans un baiser maladroit. A vrai dire, c'était une première pour moi...