Le soleil venait tout juste de pointer son nez à l'horizon lorsqu'Imshael quitta son appartement pour se rendre au travail. Il dirigea ses pas en direction de l'école qui surplombait la ville endormie, baignée de la lumière orangée de l'aube. Imshael avait le cœur léger lorsqu'il franchit le portail de l'établissement, il arborait même l'ombre d'un sourire.

La première chose qu'il fit en posant pied à l’intérieur des bâtiments fut de retirer ses chaussures, puis, sans bruit dans l'école encore déserte, il emprunta les longs couloirs qui menaient à l'infirmerie. Tel une présence furtive, il glissait (littéralement, puisqu'il était en chaussette) sur le sol fraichement nettoyé sans faire aucun bruit. Baskets en main et sacoche sous le bras, il entra dans l'infirmerie en poussant la porte avec sa hanche.

L'endroit était désert, comme il s'y attendait. Ses collègues et lui se relayaient nuit et jour et se croisaient rarement dans l'exercice de leurs fonctions. Mais tout cela lui convenait parfaitement. Refermant la porte derrière lui, il posa ses affaires près de son bureau et entreprit de redonner à l'endroit un peu de chaleur en allumant les plafonniers.

Cela ferait bientôt une semaine qu'Imshael avait pris ses fonctions, et il ne regrettait pour l'instant pas son choix de carrière. Il avait déjà vu défilé devant lui quelques créatures tout à fait intéressantes. Si la plupart venait pour des malaises minimes ou des blessures du quotidien, il en était d'autres qui se présentaient à lui avec des symptômes beaucoup plus étranges.

Assis dans sa chaise, les mains croisées sur le ventre, Imshael coula un regard vers le bloc note posé près de son ordinateur. Un nom y était écrit à la va vite, une écriture qu'il connaissait bien, puisque c'était la sienne.

La veille au soir, Imshael avait dû traiter un élève victime d'une crise d'angoisse relativement alarmante. Dans sa panique aveugle, le pauvre garçon avait dévalé des escaliers et se retrouvait le bras en écharpe. Il semblait évidant à Imshael que cette crise avait une source et que son patient s'était posé ici en victime, et pas seulement de malchance.
L'élève, sensible et impressionnable s'était laissé facilement tiré les vers du nez et Imshael avait réussit à obtenir -parmi d'autres chose- un nom. Qu'il décida de garder pour lui pour le moment au vue de l'heure tardive.

Le nom noté encore aujourd'hui sur le bloc note. Attendant sagement d'être communiqué à un professeur responsable.

En l'observant, Imshael se demandait si les attaques entres élèves étaient monnaies courantes. Même sans humains pour les tourmenter, les monstres finissaient toujours par exprimer leur véritable nature, c'était inéluctable. Même parmi ses semblables, il était donc toujours aussi seul, même dans cette ville pleine de promesse. Sans doute s'était-il trop bercé d'illusions...A vrai dire, sans meute, il avait du mal à trouver un sens à tout ce qu'il faisait.

Imshael chassa ces pensées dépressives d'un mouvement de tête agacé et se redressa dans sa chaise en s'éclaircissant la gorge. Ce n'était ni l'heure ni l'endroit.
A part sans doute quelques visites médicales, la matinée promettait d'être calme. Imshael pensa à porter en coup de vent le nom de l'"agresseur" à un collègue lorsqu'il entendit la porte de l'infirmerie s'ouvrir. Décidant que cela devrait finalement attendre il se leva pour aller chercher dans un placard la veste blanche légère qui constituait sa tenue réglementaire.

"Entre et installe-toi." déclara-t-il tranquillement, tournant le dos au nouvel arrivant le temps d'enfiler son uniforme. "Qu'est-ce qui t'amène?"

Amadeus leva le visage vers le ciel, ferma les yeux et s'abandonna quelques instants à la douce morsure du soleil matinal. Il était d'humeur joviale aujourd'hui, hier il avait fait relativement bien avancer la réalisation de ses objectifs et il abordait donc cette nouvelle journée avec optimisme en l'espérant tout aussi fructueuse que celle d'hier. Sa rêverie l'avait d'ailleurs mis en retard pour le premier cours de la journée, mais cela n'avait que peu d'importance,c'était l'un des avantages de vivre dans le dortoir du lycée, même en flânant un peu le matin il lui était toujours possible d'arriver dans les temps. Amadeus pressa néanmoins le pas vers le bâtiment des salles de classe.

Il entra quelques minutes avant l'arrivée du professeur, il salua poliment ceux qui avaient remarqué son arrivée et s'installa à sa place. Il lui restait un peu de temps avant le début du cours et Amadeus comptait mettre cette chance à profit pour récolter les bénéfices de ses actions de la veille. Se levant il chercha des yeux Johannes, celui-ci était en train de relire une leçon à quelques places du bureau d'Amadeus, il avait le bras en écharpe et Amadeus imaginait très aisément la suite des évènements qui avait suivi leur conversation. Peu porté sur l'empathie, il ne sentit aucun remord à la vue de la blessure qu'il avait indirectement infligé au garçon, cela avait été nécessaire et de son point de vue si Johannes voulait blâmer quelqu'un, il pouvait blâmer sa propre faiblesse, le monde était ainsi fait. S'approchant de lui, Amadeus le salua cordialement, la réponse du garçon fut fuyante comme il s'y était attendu, Johannes semblait éviter son regard mais Amadeus fit mine de ne rien remarquer et continua de parler de sujets légers. Pour l’œil extérieur ils devaient sembler être  amis. Au fil de la discussion, Johannes sembla se détendre peu à peu et ses réponses à Amadeus se firent moins brèves et plus étoffées, leur regard se croisant finalement, Amadeus compris qu'il ne s'était pas trompé au sujet de ce garçon, il aurait de lui ce qu'il désirait. Satisfait, Amadeus retourna s'assoir à l'instant où le professeur entra dans la salle.

Durant le cours, Amadeus n'écoutait que d'une oreille distraite, concentrait qu'il était sur ce qu'il avait décidé de mettre en œuvre, Johannes n'était qu'un appât et désormais que ce dernier était convenablement préparé, Amadeus en chasseur aguerri n'avait plus qu'à attendre patiemment que sa vraie proie se montre et tombe dans son piège. Et si cette dernière se montrait plus coriace que prévu Amadeus en garçon relativement intelligent, sans prétention aucune, avait déjà préparé un plan de secours et, pour continuer de filer la métaphore de la chasse, son innocent petit appât se transformerait à son tour en piège mortel. Désormais que les engrenages de sa machination avaient commencé à tourner, la fin était décidée, Amadeus avait envisagé toutes les possibilités, quoi que le bras en écharpe de Johannes était un imprévu, cela ne changeait absolument rien, il avait déjà gagné la partie, c'était un échec et mat dans trois coups au maximum. Cette pensée lui arracha un sourire et Amadeus se concentra sur le cours.

A la fin de celui-ci, le professeur fit signe à Amadeus de s'approcher, étonné ce dernier obtempéra, un bouffée d'inquiétude s'empara de lui, son plan a la perfection quasi mathématique venait-il d'être découvert ?
*Les règles mathématiques ne souffrent-elles pas d'exceptions elles aussi ?*
La voix du démon raisonna dans la tête d'Amadeus, cela n'avait pas de sens ! Amadeus avait tout envisagé et il était rigoureusement impossible que qui ce soit est compris son véritable objectif. Retrouvant son calme Amadeus réfléchit posément à la situation, non c'était inimaginable, même si Johannes s'était plaint à un professeur, la seule chose qui pouvait se produire c'était qu'il soit pris pour une brute et qu'il reçoive une punition, rien de bien méchant.
Mais Amadeus s'était emporté, le professeur ne voulait que l'informer qu'il ne s'était pas encore rendu à sa visite médicale et qu'il devait donc le faire dans la matinée, il était excusé auprès du prochain professeur. S'il était soulagé de s'être trompé, Amadeus n'en laissa rien paraître, il avait appris à dissimuler ses émotions et y parvenait avec talent. Sortant de la salle, il prit la direction de l'infirmerie et bien évidemment se perdit et se retrouva dans le hall d'entrée, puis devant le bureau de la directrice, la bibliothèque...

Amadeus avait au bas mot trente minutes de retard, il arriva devant l'infirmerie à  bout de souffle, il avait couru dans tout le bâtiment plusieurs fois avant d'enfin trouver l'endroit. Il y avait fort à parier que la personne qui était censée l'attendre pense qu'il avait volontairement pris son temps mais Amadeus n'y pouvait plus rien. Il frappa donc à la porte de l'infirmerie et lorsqu'il reçut la permission d'entrer, il fit coulisser la porte et pénétra dans la pièce à l'odeur médicamenteuse.

"Qu'est-ce qui t'amène?"

Une voix à l'accent légèrement guttural qu'Amadeus identifia immédiatement comme étant d'origine germanique, étant lui même autrichien il ne pouvait pas se tromper sur une telle chose. Cherchant du regard l'origine de la voix, Amadeus découvrit un homme en blouse qu'il supposa être la personne en charge de l'endroit.
*Dommage que cela ne soit pas une infirmière...*
La voix railleuse de Bel' traversa les pensées d'Amadeus, ce dernier eut envie de lui demander ce que cela aurait bien pu changer, mais les accents lubriques du démon le firent renoncer et Amadeus se contenta de lever les yeux au ciel en se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour finir avec un démon libidineux qui fantasmait visiblement sur les nurses.
Se rendant compte qu'il avait gardé le silence un moment, Amadeus repoussa une mèche de cheveux trempée de transpiration à cause de sa course dans le bâtiment et répondit d'une voix polie :

"Je m'excuse de vous déranger Monsieur. Je m'appelle Amadeus von Wolfgang et l'on m'a demandé de venir ici pour ma visite médicale. Je m'excuse de mon retard je... Je suis nouveau et je me suis perdu."

Amadeus avait hésité à s'exprimer en allemand mais ne connaissant pas la personne il avait jugé que cela aurait pu paraître déplacé et s'était abstenu.
Sa justification n'était pas extraordinaire et ressemblait beaucoup à une excuse mais il s'agissait de la vérité et Amadeus n'avait rien de mieux à proposer. Soupirant à l'idée qu'il allait surement subir des remontrances sur son manque de ponctualité, Amadeus posa son éternel regard ennuyé sur l'infirmier, leur couleur de cheveux était identique, du même blond presque argenté, à tel point qu'ici on pourrait surement les prendre pour des membres de la même famille. L'homme portait aussi une impressionnante cicatrice sur le côté droit de son visage et de sa nuque, habitué de ce genre de blessure Amadeus l'identifia comme une brûlure et au vu de son ampleur il aurait parié sur un incendie, il imaginait aisément ces fameuses maisons germaniques aux poutres apparentes et il voyait clairement l'une de ces poutres choir et causer ce genre de chose. Néanmoins il vivait désormais dans un monde peuplé de monstres et cela pouvait tout aussi bien  être une blessure de combat causé par un utilisateur du feu. Dans tous les cas le sujet était inapproprié et Amadeus ne l'aborda pas.

L'homme lui avait demandé de s'installer, il faisait surement référence à la table d’auscultation présente dans la pièce, mais Amadeus préféra aller s'installer sur une simple chaise présente près de l'entrée et qui devait servir à faire patienter les gens lorsque le médecin était déjà occupé. Il posa son regard inexpressif sur son interlocuteur et demanda d'une voix amusée :

"Alors ? En quoi consiste cette visite exactement ? J'espère ne pas finir disséqué au nom de la science..."

Le ton qu'avait utilisé Amadeus était celui de l'humour mais c'était en réalité sa méfiance naturelle qui s'exprimait, Amadeus n'avait pas dit toute la vérité sur son état, il avait prétendu être un démon or il n'en n'était rien, il était simplement possédé par l'un d'entre-eux et si Bel' lui avait assuré que personne ne pourrait le détecter, il n'avait aucune raison de prendre des risques, il accepterait donc un simple check-up physique mais refuserait fermement toute analyse trop approfondie.

Lorsqu’ Imshael se retourna sur son visiteur, il constata qu'il s’agissait d’un élève au physique intriguant. Ses cheveux d’un blond aussi clair que celui de l’infirmier étaient longs et plaqués sur ses tempes par une légère transpiration. Visiblement, il avait couru pour venir le voir, ce qui était assez rare pour être souligné. Imshael coula un regard vers l’horloge accroché au mur et constata qu’en effet l’heure était bien avancée, s’il s’agissait de sa première visite de la matinée.

"Je m'excuse de vous déranger Monsieur. Je m'appelle Amadeus von Wolfgang et l'on m'a demandé de venir ici pour ma visite médicale. Je m'excuse de mon retard je... Je suis nouveau et je me suis perdu."

Imperceptiblement, les sourcils du lycan se haussèrent. Malgré ces excuses formelles et agréables, il eut l’impression qu’un glaçon dévalait le long de son échine. Le nom ne lui était pas inconnu, et ce n’était pas simplement dû à sa consonance germanique. Il s’agissait du nom inscrit sur son bloc-note. Son regard se fit légèrement plus scrutateur.

« Hm… Ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas. » lui assura Imshael d’un ton un peu distant.

Amadeus était un garçon d’apparence frêle, un regard non exercé n’aurait d’ailleurs pas eu de mal à le confondre avec une fille. Imshael était quelque peu interdit. A le voir sagement assis sur sa chaise, il était difficile de l’imaginer en train de terroriser ses camarades. Ses yeux vairons, dont l’un était d’un rouge passé, laissaient cependant penser que les apparences étaient trompeuses. Le style vestimentaire rappelant l’époque victorienne évoquaient un vampire mais…quelque chose n’allait pas.

Le loup-garou n’arrivait pas à poser un nom sur ce qu’il avait en face de lui. Chaque espèce de yokai avait un parfum bien particulier, une senteur discrète qui se mêlait à l’odeur naturelle de son hôte. Par exemple les vampires, aux yeux d’Imshael, sentaient tous le vieux grenier. Hors, Amadeus ne sentait pas le renfermé. D’ailleurs, Amadeus ne sentait rien du tout. Ni même une odeur inédite. Pourtant, il ne pouvait décemment pas être humain.

"Alors ? En quoi consiste cette visite exactement ? J'espère ne pas finir disséqué au nom de la science..."

Trop intrigué pour réagir à ce trait d’humour, Imshael haussa une épaule d’un air tout à fait sérieux, laissant penser malgré lui que la dissection n’était pas à exclure. Il désigna la table d’auscultation.

« Tu veux bien t'approcher et t'asseoir sur le bord de la table s’il te plait? Je ne mord pas, promis.» lui dit-il en allemand.

L'accent allemand était chose rare et facilement repérable aux yeux d'un autre germanique, et il comptait bien ce servir de ce point commun pour mettre Amadeus en confiance.

Imshael alla chercher son matériel le temps qu’Amadeus prenne place. Il allait poser quelques questions à ce garçon étrange, mais elles n’allaient pas toute être de nature médicale.

Il revint vers l'élève calmement, armé d'une lampe stylo. Décidant de commencer par les yeux, il s'approcha pour entrouvrir d'avantage les paupières d'Amadeus et balada sa lampe devant la pupille de son œil rouge.

« C'est un contrôle de routine donc je ne vais rien te faire de bien méchant. Un check-up, quelques...questions et tu pourra partir.» déclara-t-il, sentant l'élève quelque peu nerveux.

« J’aurais besoin que tu me dises ton âge. Ainsi que ton…espèce. Je vais être parfaitement honnête, je n'arrive pas à déterminer ce que tu es. Moi qui croyais que mon nez ne me trompait jamais. »  

Guettant sa réaction en le regardant dans les yeux, il continuait cependant son examen de manière machinale et, se saisissant du bras d’Amadeus, il commença à relever sa manche dans le but d’y placer un tensiomètre.

L'homme ne semblait pas lui tenir rigueur de son retard, Amadeus avait toutefois noté sa voix légèrement froide, il ne s'en offusqua cela dit pas, après tout certaines personnes étaient plus réservées que d'autres, il s'agissait là de traits de caractères et Amadeus n'y voyait rien à redire. C'est une autre chose qui attira l'attention du garçon, à l'évocation de son nom le regard de l'infirmier avait changé, la chose avait été très légère mais n'avait pas échappé à Amadeus, toujours à l'affut du moindre détail. Il plissa les yeux et se raidit légèrement, pourquoi son nom avait-il fait réagir l'homme alors qu'il ne le connaissait pas ? Avait-il été envoyé par sa famille ? Après tout il était de manière évidente d'origines germaniques lui aussi. Non c'était fort peu probable d'abord parce que sa famille était composée d'humains et ils n'auraient jamais pu trouver l'endroit et ensuite parce que personne dans sa famille ne se serait donné une telle peine, ils avaient surement été tous soulagé lorsqu'il avait disparu. Comme quoi être le vilain petit canard pouvait servir parfois. Amadeus ne voyait donc pas ce qui avait pu le faire réagir à son nom, devenu soupçonneux mais n'ayant pas de moyens de déterminer ce que l'infirmier savait de lui il se décida à rester sur ses gardes.

« Tu veux bien t'approcher et t'asseoir sur le bord de la table s’il te plait? Je ne mord pas, promis.»

L'homme n'avait pas vraiment répondu à la question d'Amadeus. Ce dernier s'en alarma, lui cachait-il quelque chose ? L'idée de finir en rat de laboratoire passa dans l'esprit d'Amadeus et sa suspicion envers son interlocuteur crût. Il resta immobile un moment hésitant sur la réaction à adopter. L'idée de s'en aller lui semblait séduisante mais il savait qu'il ne ferait qu'accroître les questions à son égard.
Il fut étonné de l'entendre s'exprimer en allemand, et même un peu vexé, il pensait s'être défait de son accent, il se réconforta en se disant qu'il avait été trahi par son nom. Amadeus n'était cela dit pas dupe de ce que l'homme tentait de faire : créer une proximité entre eux par une langue commune, un lien. S'il s'imaginait qu'il avait en face de lui un énième petit garçon apeuré qui avait du tout quitter pour se réfugier ici et qui se sentait perdu, il avait tort. Et il en faudrait bien plus à Amadeus pour lui faire baisser sa garde. Néanmoins si cet homme voulait voir en lui une petite chose fragile, Amadeus ne voyait aucune raison de le détromper, il se leva donc de la chaise, décidé à jouer le jeu, et alla s'assoir sur le bord de la table d'auscultation. Il prit un air légèrement intimidé qui seyait parfaitement à l'image du pauvre jeune garçon un peu dépassé par les évènements qu'il avait décidé de renvoyer. Il colla son éternel sourire aussi poli qu'hypocrite sur son visage et attendit sagement.

« C'est un contrôle de routine donc je ne vais rien te faire de bien méchant. Un check-up, quelques...questions et tu pourra partir.»

Il se décidait enfin à lui répondre, Amadeus se détendit légèrement, il aurait aimé dire que c'était dû au rôle qu'il avait décidé d'interpréter mais pour être honnête il fallait admettre que de savoir qu'il ne s'agissait que d'un contrôle de routine le rassurait. L'homme avait rapporté plusieurs objets médicaux dont certains aux formes peu engageantes et qui pouvaient indéniablement servir d'arme bien qu'Amadeus supposa que leur fonction première devait-être autre, du moins l'espérait-il. Avec une lumière, l'infirmier testa sa réactivité oculaire. Si quelque chose n'allait pas, l'homme le cachait bien derrière son visage taciturne.
*Il doit être imbattable au poker...*
Comme à l’accoutumé l'intervention de Bel' intervenait au pire moment, il aurait l'air de quoi s'il éclatait de rire sans aucune raison visible ? Son "contrôle de routine" se transformerait probablement en examen psychiatrique. Conscient de cela, Amadeus demeura imperturbable, il scrutait plutôt le visage de son interlocuteur n'ayant pas oublié sa réaction lorsqu'il avait découvert son nom, cherchant le moindre indice qui pourrait l'éclairer sur son attitude. Quelque chose semblait tracasser l'homme, avant qu'Amadeus ait pu lui demander ce qu'il y avait, celui-ci s'exprima de nouveau :

« J’aurais besoin que tu me dises ton âge. Ainsi que ton…espèce. Je vais être parfaitement honnête, je n'arrive pas à déterminer ce que tu es. Moi qui croyais que mon nez ne me trompait jamais. »  

La situation était critique pour Amadeus mais il se maîtrisait pour n'en rien laisser paraître. Bien que cela se produise bien plus rapidement qu'il ne l'avait imaginé, Amadeus avait déjà envisagé qu'on lui pose la question de son espèce. Feignant la surprise à la perfection, Amadeus répondit d'une voix calme et entièrement maîtrisée :

"Vraiment ? Il me semble pourtant que ma race est notée dans mon dossier. Je suis un démon. Si vous ne sentez rien c'est peut-être car je suis plutôt faible... Mais que voulez-vous dire par votre nez ? Vous êtes une sorte de chien renifleur à monstres ?"

Bel' s'étrangla de rage lorsque Amadeus évoqua son absence de pouvoir et se lança dans une diatribe enflammée sur l'énoncé de ses différents titres infernaux et de ses plus belles victoires au combat. L'ignorant complètement Amadeus guetta avec attention la réaction de l'infirmier, son mensonge étant, comme tout bon mensonge, basé sur une part de vérité, il était quasi sûr de pouvoir s'en tenir à cette explication. N'importe quel être d'origine démoniaque pourrait surement confirmer qu'il y avait bien quelque chose de la même espèce en Amadeus et Bel' lui avait assuré que les démons les plus faibles étaient plus difficile à repérer, leurs pouvoirs étant plus ténus. Cette histoire de nez inquiétait néanmoins Amadeus qui avait volontairement utilisé une formule insultante en parlant de "chien renifleur" pour faire réagir son interlocuteur. L'utilisation du mot "race" était lui aussi là pour accentuer l'aspect canin. Le but recherché par Amadeus était de le blesser dans son orgueil en espérant le voir laisser échapper quelques informations précieuses. Bien évidemment Amadeus avait prononcé ces mots d'une voix innocente et presque ingénue de telle manière que ses propos passent pour de la maladresse et de la naïveté et non comme une volonté d'insulter son interlocuteur.

Néanmoins la direction que prenait la conversation déplaisait fortement à Amadeus qui se creusait la tête pour trouver un moyen de changer de sujet sans éveiller les soupçons, fort heureusement pour lui c'est l'infirmier lui-même qui la lui offrit sur un plateau d'argent et Amadeus n'était pas idiot au point de laisser filer pareille opportunité. En effet, poursuivant ses examens, l'homme avait entrepris de retrousser la manche droite d'Amadeus, dévoilant par la même occasion son corps meurtri. Son avant-bras était couvert de cicatrices et brûlures en tout genre, de taille et de profondeur variable. La plus part des cicatrices étaient de manière évidente dues à des lames, d'autres étaient des impacts de balles mais Amadeus ignorait si l'homme serait capable de les identifier. Les brûlures elles provenaient majoritairement des séances de torture que son père avait imposé à ses enfants dans le but de les entraîner à résister à ce genre de pratiques. L'ensemble n'était pas beau à voir et l'homme du corps médical qui devait pourtant être habitué aux blessures marqua un temps d'arrêt ce qu'Amadeus interpréta comme un signe de surprise et peut-être de dégout. Cette fois Amadeus n'eut pas à feindre ses émotions et son sourire se fit triste :

"C'est plutôt laid n'est-ce pas ? J'aurais surement dû vous prévenir à l'avance M. Kerian mais vous m'avez pris par surprise. Oh ! Et ne vous embêtez pas à avertir l'établissement ou les service sociaux pour monstres, enfin si ça existe. La personne qui m'a fait ça n'est de toute façon plus de ce monde alors je ne crains plus grand chose."

Amadeus avait parlé d'une voix faible, presque un murmure, une profonde morosité et lassitude avait transpiré de ses mots, il n'était pas complexé par ses cicatrices, il n'aimait juste pas les chuchotements qu'il entendait lorsque les gens apercevaient ses bras, son dos ou son torse ni les regards de pitié qu'il recevait à cet égard. C'est pour cela que ses vêtements étaient toujours à manches longues ainsi il évitait de longues et ennuyeuses conversations. Il ne faisait pas de cauchemars la nuit et n'avait pas été traumatisé par les sévices physiques que son père lui avait infligées. La seule vraie blessure que son père lui avait causé et dont Amadeus souffrait était émotionnelle, fort heureusement celle-ci n'était pas visible.
Quand au nom de son interlocuteur, cela avait été aisé, ce dernier portait un badge épinglé sur sa blouse où il était inscrit.

Les réactions d’Amadeus à l’inquisition qu’il lui imposait déroutaient quelque peu Imshael.

"Vraiment ? Il me semble pourtant que ma race est notée dans mon dossier. Je suis un démon. Si vous ne sentez rien c'est peut-être car je suis plutôt faible... Mais que voulez-vous dire par votre nez ? Vous êtes une sorte de chien renifleur à monstres ?"

Un chien renifleur ? Le ton d’Amadeus était poli depuis le début de leur entretien et pourtant Imshael ne put s’empêcher de prendre mal cette comparaison. Il retint de justesse le grondement qu’il avait sentit monter dans sa gorge, luttant contre sa fierté de loup qui était toujours trop excessive.
Il était ridicule de s’énerver contre ce qui était manifestement un mauvais choix d’expression. Ou peut-être était-ce intentionnel. Si Amadeus était le genre d’individu qu’Imshael soupçonnait alors l’insulte était peut-être bel et bien là. Comment savoir.

« Un chien renifleur de monstres. Déduction amusante, et le chien est un animal plein de qualités mais… non, je suis tout simplement un lycan avec du flair. Tu n’étais pas si loin. »

Sur les lèvres d’Imshael flottait un sourire quelque peu forcé. Il ne ressentait pas le besoin de cacher son statut de loup-garou, mais les élèves étaient connus pour aimer exploiter les failles de l’autorité. Et un loup-garou avec des problèmes comportementaux tel que lui n'était pas sans faille.

Quoiqu’il en soit, Imshael ne se sentit pas réellement convaincu par l’explication du jeune homme. Il savait que les démons aussi avaient une odeur particulière pour en avoir déjà rencontré un. Et il ne pensait pas que la puissance était liée à ce phénomène. Néanmoins, il se laissa malgré lui légèrement amadouer par l’accent de sincérité qu’il avait cru entendre dans la voix de son interlocuteur. Peut-être que l’odeur des démons changeait en fonction de l’individu. Il fallait dire qu’il en existait une palette très variée…il était probable que des démons sans odeur tel qu’Amadeus puisse exister.

Tout en suivant le cours de ses réflexions et en mesurant la tension de son patient, il remarqua les cicatrices qui maculaient le bras de ce dernier. Son regard se fit plus dur et Amadeus dû le remarquer car il déclara d’une voix faible:

"C'est plutôt laid n'est-ce pas ? J'aurais surement dû vous prévenir à l'avance M. Kerian mais vous m'avez pris par surprise. Oh ! Et ne vous embêtez pas à avertir l'établissement ou les service sociaux pour monstres, enfin si ça existe. La personne qui m'a fait ça n'est de toute façon plus de ce monde alors je ne crains plus grand chose."

Laid n’était pas le mot. Choquant plutôt, sur un individu si jeune. Imshael n’aurait pas eu besoin de l’aveu d’Amadeus pour deviner que ces marques venaient de sévices. Sévices qui avaient été infligés de manière régulière et sur une longue période. Imshael resta silencieux quelque seconde en rangeant lentement le tensiomètre.

« Appelle-moi Imshael. Et je suis content d'apprendre que parfois, il semblerait qu'il y ait une justice. » fut tout ce qu’il trouva à répondre.

Il accorda un bref sourire en coin à Amadeus. Pas de la pitié, ni de la compassion, mais presque de la complicité. Si le démon lui-même avait été la main de cette justice, alors il avait bien fait. Mais ce n’était pas une opinion morale qu’il convenait d’exprimer, surtout en tant que « professeur ».

A cet instant, il se rendit compte que malgré la défiance qu’il ressentait à l’égard du démon, il ne pouvait s’empêcher de ressentir également une certaine sympathie pour quelqu’un d’aussi marqué que lui.

Imshael enfila son stéthoscope et passa sa main dans le dos d’Amadeus et sous ses vêtements afin de vérifier sa condition cardiaque. Tandis que ses doigts glissaient sur la peau, il sentit que des cicatrices recouvraient également une grande partie de son dos.

«Tu dois avoir beaucoup de succès auprès des femmes. Il parait que les cicatrices les attirent. » Risqua-t-il, un peu sarcastique. Lui-même n’ayant jamais pu attester de cette théorie.

Le pouls d’Amadeus étant relativement calme au vu de la situation, Imshael décida que le moment était opportun pour poser la question qui lui trottait dans la tête depuis qu’il avait apprit le nom de son visiteur. Il n’y avait pas plus révélateur que les battements d’un cœur.

« Dis moi Amadeus... le nom ‘Johannes’ t’est-il familier ? Le pauvre garçon a été victime d’un "accident" hier soir.»

L’embout du stéthoscope se déplaça dans le dos de l'élève tandis qu’Imshael tendait l’oreille en guettant la moindre variation.

Amadeus avait bien fait de guetter les réactions de M. Kerian, lorsqu'il avait prononcé le mot chien il avait vu passer une ombre sur le visage de l'homme. La comparaison ne lui avait pas plu, c'était on ne peut plus normal, mais Amadeus avait senti quelque chose d'autre, une sourde inquiétude s'était éveillée en lui, quelque chose de primal, écrit dans les gènes de tous les animaux, aussi civilisés soient-ils : la peur du prédateur. Il s'était senti comme un rongeur face à un serpent prêt à frapper et Amadeus avait cru entrapercevoir une lueur bestiale dans le regard de son interlocuteur, celui-ci avait toutefois réussi à se maîtriser et à répondre calmement :

« Un chien renifleur de monstres. Déduction amusante, et le chien est un animal plein de qualités mais… non, je suis tout simplement un lycan avec du flair. Tu n’étais pas si loin. »

Le sourire de l'homme était forcé et Amadeus avait remarqué les efforts qu'il avait déployé pour rester serein. C'était là des informations très intéressantes, c'était la première fois qu'il rencontrait un lycan mais de ce qu'en disait les humains il s'agissait de créatures bestiales avec de graves problèmes de contrôle et au vu de ce qu'il venait de deviner c'était probablement vrai. La chose pouvait se révéler exploitable par Amadeus en cas de besoin, si M. Kerian devenait trop soupçonneux, au point d'en devenir un problème, Amadeus n'aurait qu'a le pousser à bout et celui-ci l'attaquerait et après un tel acte plus personne ne croirait un mot de ce qu'il pourrait prétendre avoir découvert sur Amadeus, les gens prendraient cela pour une tentative de se justifier. Amadeus espérait cela dit ne pas avoir à en arriver à une telle extrémité l'homme n'étant pas revenu sur la question de son espèce. Ignorant la gêne de son interlocuteur, Amadeus continuait d'arborer son sourire innocent et s'exprima d'une voix d'une courtoisie sucrée :

"Vraiment ? C'est la première fois que j'en rencontre un. Si cela peut vous rassurer je ne porte rien en argent sur moi... Désolé j'imagine qu'on doit vous la faire souvent et ce n'était pas vraiment drôle."

Comme il l'avait imaginé, la découverte de ses cicatrices avait troublé l'homme, l'éloignant d'autant du sujet gênant de son espèce ce qui convenait parfaitement à Amadeus. Il était cela dit impressionné de la maîtrise de soi dont faisait preuve son interlocuteur. Il n'était pas rare que les gens sursautent ou marquent un mouvement de recul mais lui n'avait eu qu'un bref moment d'arrêt avant de reprendre ses examens. Peut-être était-il habitué à des scènes de ce genre, après tout lorsqu'on travaillait dans le milieu médical chez les monstres on devait voir des choses extraordinaires et terrifiantes assez souvent. Amadeus s'était aussi attendu à un long discours sur la nécessité de voir un psychologue et de se rendre à des réunions pour partager son expérience, comme si le meilleur moyen de surmonter les épreuves c'était d'étaler sa douleur à la face du monde. Amadeus lui était reconnaissant de ne pas lui avoir infligé pareilles sottises. A vrai dire c'est une autre partie de la réponse d'Amadeus qui sembla intéresser l'infirmier.

« Appelle-moi Imshael. Et je suis content d'apprendre que parfois, il semblerait qu'il y ait une justice. »

Quelque chose de froid se répandit en Amadeus, un vent glacial qui souffla sur son cœur et balaya les ombres d'émotions qui y demeuraient encore. Son regard se fit dur, presque sévère, une expression qui n'allait pas à Amadeus au vu de son âge. Imshael avait parlé de justice mais Amadeus ne pouvait être moins d'accord avec lui. Il avait tué son père pour venger la mort de sa sœur mais un tel acte pouvait-il être qualifié de justice ? Les quelques heures passées entre les mains d'Amadeus avaient-elles compensé les années de souffrance que leur géniteur leur avait infligé. D'ailleurs Amadeus savait qu'il était là en train de se mentir, l'explication était bien plus simple, à la mort de sa sœur, les fondations de son l'univers s'étaient effondrées et il avait perdu la seule personne à laquelle il tenait. Il avait eu besoin d'objectif, d'un but à atteindre sans quoi il aurait été consumé par sa douleur, la vengeance n'avait été qu'une chose à laquelle se raccrocher il était d'ailleurs probable que Tsuki n'ait pas souhaité que son frère devienne un meurtrier pour elle. Ses motivations avaient en définitives été égoïstes et bien éloignées de tout idéal de justice ou de volonté de faire le bien.

"La justice n'est qu'un joli mot, un enrobage que les forts utilisent pour justifier leurs actes les moins glorieux. Le personne qui m'a infligé cela elle aussi pensait agir au nom de la justice et d'une forme pervertie de ce qu'elle appelait le bien. Non... La seule chose qui existe vraiment en ce monde c'est la lutte pour la survie."

Amadeus ne réussit pas à rendre son sourire à Imshael et préféra perdre son regard dans le vide, s'abandonnant à ses sombres pensées. Si la justice avait existé en ce monde, sa sœur ne serait pas morte pour commencer et il n'aurait donc jamais eu à commettre un parricide.
Demeurant un moment silencieux, s'abimant dans ses souvenirs les plus noirs, Amadeus laissa l'infirmier continuer son examen, sentant le métal froid du stéthoscope sur son dos, il imagina que ce dernier était en train d'écouter les battements de son cœur. Imshael s'exprima de nouveau, peut-être dans une tentative de détendre l'atmosphère. Sa remarque surpris Amadeus qui haussa légèrement les sourcils et tourna la tête pour plonger son regard inexpressif dans les yeux du lycan. Amadeus n'avait jamais envisagé la chose sous cet angle, ces cicatrices pourraient-elles être un atout de séduction ? L'idée était surprenante et arracha un faible sourire au garçon, une bouffée de sympathie l'envahie envers cette personne qu'il ne connaissait pas mais qui semblait capable de trouver des points positifs dans les pires défauts des gens. La réflexion n'était d'ailleurs pas si absurde qu'elle en avait l'air et son corps meurtri pouvait en effet créer une forme d'affection chez les femmes à l'esprit maternelle très développé mais c'était la première fois qu'il y songeait.
*Évidemment que tu n'y avais jamais pensé, abruti de siscon !*
Amadeus ne pouvait pas entièrement contredire Bel' néanmoins il sentait que le démon se méprenait sur la forme des sentiments qu'il avait eu... Non qu'il avait toujours pour sa sœur, plus qu'un amour charnel, Amadeus l'avait adoré comme certains adorent la divinité en laquelle ils croient.
D'une humeur plus légère grâce à l'intervention d'Imshael, Amadeus lui répondit sur un ton empreint d'amusement :

"J'avoue n'avoir jamais envisagé les choses sous cet angle. Ma vie amoureuse étant des plus calmes, j'imagine que je ne mets pas assez en valeur mes atouts mais ayant rencontré un expert tel que vous, je n'hésiterais pas à revenir vous demander des conseils..."

L'examen médical se poursuivit sans qu'Imshael n'ait fait la moindre remarque sur son état de santé, Amadeus en déduisit qu'il ne devait y avoir aucun problème ce qui était plutôt un soulagement. Il en avait presque oublié sa méfiance de départ envers l'infirmier lorsque celui-ci évoqua enfin le sujet qui devait lui brûler les lèvres depuis qu'Amadeus était entré dans la pièce.

« Dis moi Amadeus... le nom ‘Johannes’ t’est-il familier ? Le pauvre garçon a été victime d’un "accident" hier soir.»

Un lien se fit dans l'esprit vif du garçon, le bras en écharpe de Johannes ce matin, la réaction d'Imshael à l'annonce de son nom. Ce n'était pas à un enseignant que celui-ci avait parlé c'était à l'infirmier du lycée. Amadeus masqua toutefois son éclair de compréhension, et réfléchit à la réponse qu'il allait pouvoir donner. La froide sensation du stéthoscope du lycan se faisait toujours sentir et Amadeus se demanda s'il s'agissait là d'une coïncidence, il doutait cela dit que ses battements de son cœur le trahissent en quoi que ce soit, cela aurait signifiait qu'Amadeus regrettait son acte or ce n'était pas le cas, quoi que qu'une absence totale de changement de rythme cardiaque malgré le sujet évoqué allait surement permettre à Imshael de comprendre à quel point la personne en face de lui était dénuée d'émotion.
Il n'avait pris aucun plaisir à faire souffrir Johannes mais cela avait été nécessaire. Amadeus avait eu besoin d'entrer dans la psyché de son camarade et pour cela il avait eu à abattre les murailles mentales que ce dernier avaient bâties pour faire resurgir ses traumatismes passés. La chose avait été aisée, Johannes était un lâche et il était faible. De plus Amadeus avait toujours eu un véritable don pour s'infiltrer dans la tête des gens.
Imperturbable, il répondit d'une voix sereine et égale à Imshael :

"Bien sûr que je le connais, nous sommes dans la même classe. J'ai vu son bras en écharpe en arrivant ce matin, il m'a dit avoir fait une chute. Êtes-vous celui qui l'a soigné ?"

Amadeus pensait déjà connaître la réponse mais pourquoi en prévenir le lycan ? Si celui-ci le prenait pour un jeune écervelé, cela lui allait très bien.

Quelque chose dit à Amadeus qu'Imshael n'avait pas été entièrement satisfait de sa réponse, il avait arrêté l'examen médical et son visage ne laissait aucun doute sur le fait qu'il ne croyait pas qu'Amadeus avait tout dit. L'infirmier lui confirma qu'il était celui qui avait soigné Johannes et lui livra ses impressions sur le garçon. Un animal apeuré ? En effet c'est aussi ainsi qu'Amadeus le voyait, une faible créature, tremblante devant ses peurs irrationnelles. Il y a quelques années il l'aurait méprisé pour cela et ne lui aurait même pas accordé un regard. Mais avec le temps et les conseils de Bel', Amadeus était devenu d'une certaine manière plus froid, plus calculateur et désormais les gens faibles étaient à ses yeux des gens qu'il pouvait facilement influencer.

« Johannes m’a paru un garçon sensible. Pardonne ma franchise qui peut passer pour de la cruauté, mais il est de ceux qui se laissent dévorer par leurs semblables au moindre signe de faiblesse. C’est, je pense, ce qui lui est arrivé hier soir. »

Le regard vide d'émotion d'Amadeus était toujours posé sur Imshael, celui-ci semblait sous-entendre de plus en plus clairement qu'il suspectait Amadeus d'être responsable de cette situation et ce dernier doutait que maintenir son masque d'innocence naïve soit encore utile. Cela lui était encore possible, il pouvait tout nier en bloc avec ferveur et il savait que malgré toutes ses suspicions le lycan aurait du mal à prouver quoi que ce soit. Il n'avait pas après tout poussé Johannes mais uniquement parlé à ce dernier et Amadeus était désormais assez confiant dans l'emprise qu'il avait acquis sur son camarade. Johannes était faible jusque dans sa personnalité : il se jugeait inutile et incapable de la moindre indépendance, il pensait mériter tout ce qu'on lui infligeait. Si Amadeus agissait de manière ferme avec lui, le pauvre Johannes s'accrocherait à lui de toutes ses forces. Une telle personnalité dépendante, comme l'appelait les psychologues, n'était en rien étonnante dans le cas de Johannes, Amadeus s'était renseigné et avait découvert que les parents de Johannes l'avaient énormément couvés dans son enfance, il était donc logique que ce dernier n'ait aucune maturité émotionnelle.
Pourtant Amadeus ne sentait aucune hostilité dans la voix d'Imshael, la chose l'étonnait énormément, il était après tout un membre du corps médical et la santé de tous les élèves devait être sa priorité. Restait la possibilité qu'il feigne une relative compréhension pour pousser Amadeus à avouer, c'était l'explication qui lui paraissait la plus logique.

« Que penses-tu de ce genre de personne Amadeus ? Et sois sincère. Je sais que tu es quelqu’un d’intelligent alors je ne vais pas continuer à tourner autour du pot : Ton nom a été mentionné. »

Sincère, il ne le serait évidemment pas, Amadeus n'allait pas avouer qu'il utilisait Johannes pour atteindre une autre personne. Mais après tout ce n'était pas ce que lui avait demandé le lycan, non la question portait bien plus sur la vision qu'Amadeus avait des autres, essayait-il de le psychanalyser ? La marge de manœuvre d'Amadeus était limitée, il s'était déjà quelque peu dévoilé plus tôt et il lui serait désormais totalement impossible de prétendre qu'il se souciait du sort des autres, il regrettait de s'être ainsi révélé mais penser à sa sœur avait fissuré son habituel masque de politesse distante. il était toutefois trop tard pour changer quoi que ce soit. Soupirant, Amadeus se décida enfin à répondre d'une voix, certes toujours polie, mais de laquelle toute trace d'innocence et de naïveté avait disparu :

"Très bien Imshael, je vais être franc et croyez moi ce n'est pas là chose habituelle. La cruauté des êtres vivants envers leurs semblables n'est pas une chose que je cautionne ou que j'encourage néanmoins le sort des victimes d'abus m'indiffère au plus au point. Je n'ai pu compter sur personne d'autre que moi même pendant trop longtemps, j'ai bien peur d'avoir perdu toute aptitude à l'empathie au fil du temps."

Les faux semblants n'auraient pas amené Amadeus bien loin, le lycan était une personne perspicace et ne l'aurait de toute façon pas cru, il avait donc choisi d'être honnête, du moins jusqu'à un certain point.
Bien que clairvoyant, Imshael n'avait pas saisi les réelles motivations d'Amadeus et pensait qu'il avait agi par simple cruauté, pour le seul plaisir de faire souffrir autrui, parce qu'il était plus fort et qu'il voulait le faire savoir. C'était loin d'être le cas et le fait que l'infirmier pense cela de lui agaçait Amadeus. Aussi improbable que cela puisse être, il avait commencé à apprécier le lycan et le fait qu'il le prenne pour une simple brute le dérangeait. C'est pourquoi il continua :

"Mais vous vous trompez sur un point. J'ai en effet discuté avec Johannes hier soir, nous avons abordé différents sujets notamment les raisons de sa présence ici et son futur après qu'il ait quitté ce lycée où il ne peut bien évidemment pas demeurer indéfiniment. Sa réaction à l'idée de se retrouver de nouveau en dehors de cet établissement a été... Je pense que vous pouvez l'imaginer. Mais a aucun moment je n'ai agi par pur sadisme, je ne savais d'ailleurs pas qu'il allait se précipiter la tête la première dans le premier escalier venu."

La voix d'Amadeus ne laissait planer aucun doute sur son absence totale de remord vis à vis d'un accident dont il ne se jugeait même pas responsable.

Imshael avait demandé de la franchise, et a voir le visage d'Amadeus, il allait être satisfait. Dumoins, c'est ainsi que le loup-garou interpréta le changement d'expression soudain de son élève. C'était comme s'il avait porté un masque invisible depuis tout ce temps et que le masque était tombé d'un coup. Plus aucune trace de candeur sur le visage du jeune démon, à vrai dire, il n'y en avait jamais vraiment eu, semble-t-il.

Les visage d'Imshael s'assombrit quelque peu à cette nouvelle. L'empathie était la base de la vie en société à ses yeux, quelqu'un qui n'en avait pas était indubitablement handicapé. Le lycan n'en était pas sur, mais peut-être que ce genre de comportement n'était pas si terrible pour un démon. Si Amadeus avait été un simple humain en revanche, c'était le genre de lacune qui menait à des pathologies mentales bien plus graves, comme la psychopathie.
Comment savoir que l'on blesse quelqu'un si l'on n'est pas capable de s'imaginer sa douleur? Autant d'informations qui hurlaient à Imshael qu'il tenait son coupable.

L'explication d'Amadeus pris Imshael au dépourvu. S'il n'avait en effet aucun mal à imaginer une telle réaction venant de Johannes, quelque chose dans le récit de l'élève le chiffonnait. Il se rappela du regard et du ton qu'avait employé Johannes hier, lorsqu'il avait tenté, entre deux hoquet de peur, de lui expliquer ce qu'il s'était passé.

Sans regarder Amadeus il rangea son matériel et s'éloigna de la table d'auscultation. Désignant la toise avec balance intégrée, Imshael l'invita à se positionner en dessous tout en continuant sur le ton de la conversation cependant qu'il le mesurait. Une injonction de rester à distance était tout ce qu'il pouvait faire pour Johannes. Même si Amadeus ne donnait en effet pas l'impression d'être quelqu'un de foncièrement violent, Imshael n'avait aucun moyen d'en être persuadé et son instinct lui soufflait de le garder à l’œil.

Une fois les mesure prises il remonta la toise et tapota l'épaule d'Amadeus, lui signifiant que son calvaire était terminé. L'examen médical de base n'avait rien révélé d'alarmant. Néanmoins, Imshael avait noté dans un coin de sa tête tout ce qu'il avait trouvé d'étrange au sujet de ce garçon. Et il y en avait beaucoup trop.

Le manque de parfum, le manque d'empathie, il avait l'impression qu'Amadeus n'était pas vraiment là, avec lui. C'était très étrange.
Imshael avait déjà ressenti ça une fois. Une rencontre très brève mais intéressante au bar de Jhiram: Une personne possédé par un fantôme. La similitude des sensations était frappante en effet, maintenant qu'il y réfléchissait. Mais tout ceci, encore une fois, ne pouvait qu'être spéculé.

Se dirigeant vers son bureau, Imshael attrapa le bloc-note où le nom d'Amadeus était inscrit, arracha la feuille et la froissa dans son poing.
Nul besoin de prévenir qui que ce soit à présent...car il en faisait une enquête personnelle.

La franchise d'Amadeus semblait avoir pris le lycan au dépourvu, la chose satisfit le garçon, elle signifiait que son masque de candeur était toujours aussi réaliste et difficile à détecter. La chose était d'ailleurs particulièrement ironique, qu'un être froid et vide comme lui arrive à feindre des émotions qui lui étaient presque entièrement étrangères avec autant de talent. Amadeus n'avait à vrai dire pas réellement eu le choix, rester de marbre devant les peines et les joies de son entourage l'aurait très rapidement exclu et isolé de tous. Alors il avait appris à feindre, à imiter, à se conformer aux attentes de ceux qui l'entouraient. Mais Amadeus ne ressentait strictement rien envers ceux qui l'entouraient, bien sûr il lui arrivait de rire d'une situation ou d'être intéressé par les propos d'une personne mais il ne s'agissait là que de sentiment de surface, sans réelle profondeur, et personne n'avait réussi à se faire une place dans le cœur du garçon depuis la mort de sa sœur, il doutait même que cela soit possible. Le monde l’indifférait.

"Son ton à ton égard était plutôt celui de l'accusation mais ..faute d'avoir pu tirer quelque chose de plus clair de lui, je vais devoir croire ta version. Tu comprendra j'imagine, si je te demande de rester loin de lui? "

Accusateur ? Cela n'avait rien d'étonnant, après tout s'il n'avait pas menti, Amadeus avait présenté une version plutôt édulcorée de ce qu'il s'était passé. Les sujets qu'ils avaient abordé n'étaient pas arrivés par hasard dans la conversation, Amadeus les avaient provoqués en sachant qu'ils mettraient Johannes mal à l'aise. Il avait jeté à bas les murailles dressées autour de la psyché de son camarade et s'était insinué dans son esprit pour y acquérir une influence, une autorité sur Johannes. Il avait visiblement réussi et inverser le processus serait lent et difficile, bien trop lent pour que cela entrave les plans d'Amadeus.

" J'ai peur qu'il t'ait associé avec des idées anxiogènes désormais. Et je préfère ne pas prendre de risques. "

La remarque d'Imshael était tout à fait logique, Amadeus était de manière assez évidente une influence négative pour Johannes, leur proximité ne pouvait entraîner que des conséquences néfastes pour le pauvre garçon, la conclusion s'imposait donc d'elle même, ils devaient rester à distance l'un de l'autre. La chose allait de soi, du moins pour qui s'intéressait à l'état de santé de Johannes, malheureusement ce n'était en aucun cas une priorité pour Amadeus, celui-ci avait besoin de son camarade pour atteindre une autre personne. Après tout lorsque l'on veut faire du mal à une personne, on ne s'en prend pas directement à celle-ci mais plutôt à ses proches n'est-ce pas ? Et Johannes constituait le meilleur moyen de pression et de chantage qu'il ait pu trouver. Mais pour pouvoir l'utiliser, Amadeus ne devait pas paraître comme un total étranger à son camarade, il devait exister un lien les reliant, qui amènerait sa proie à venir le voir. La proposition d'Imshael ne pouvait donc pas être acceptée, souriant calmement, Amadeus continua de sa voix polie :

"Je comprends votre inquiétude à ce sujet. Néanmoins je laisserais Johannes faire ce choix, s'il n'est pas mis en situation de prendre ses propres décisions, quand bien même seraient-elles des erreurs, il ne grandira jamais."

La réponse d'Amadeus était, comme toujours restée courtoise, elle était néanmoins claire : non. Sa justification était d'ailleurs d'une mauvaise foi totale, Amadeus était juste convaincu qu'il n'aurait pas besoin de se rapprocher de Johannes, c'est ce dernier qui viendrait à lui. La personnalité de son camarade était ainsi faite, la peur que lui inspirait désormais Amadeus allait l'attirer vers lui et Johannes avait visiblement, au vu  de ce qu'il avait pu observer ce matin en classe, déjà commencé à développer cet attachement malsain envers lui. Il doutait d'ailleurs que l'infirmier puisse y faire quoi que ce soit, il devait être difficile d'empêcher deux lycéens de traîner ensemble.

"Bon. Tout va bien coté santé. Néanmoins quelques détails me chiffonent et j'apprécierai que l'on se revoit dans quelques temps."

L'examen semblait avoir pris fin ce qui soulagea grandement Amadeus, il n'avait pas été découvert, du moins pour l'instant, le fait qu'Imshael veuille le revoir attira son attention. Était-ce toujours en lien avec Johannes ou s'intéressait-il encore à cette histoire d'absence d'odeur ? Amadeus n'avait pas envie de voir le sujet être ré-abordé mais refuser de manière trop abrupte ne ferait qu'augmenter la suspicion du lycan. Il hésita cela dit un moment, il doutait que l'on puisse lui imposer des tests et Bel' lui avait affirmé que sa présence dans son corps l'avait modifié, Amadeus préférait le mot corrompu, et qu'il était désormais réellement d'essence démoniaque, du moins en partie. C'était vrai que le démon l'avait changé, il était plus fort, plus rapide, plus agile qu'avant, mais Amadeus craignait tout de même que l'on fasse des tests sur lui, il avait vécu dans une cage bien assez longtemps et il ne comptait pas finir en cobaye. Maintenant sa maîtrise de lui-même, il répondit d'un ton impassible :

"Vous semblez vraiment prendre très à cœur la santé de vos étudiants, c'est admirable mais si vous n'avez détecté aucun problème me concernant la chose est-elle bien nécessaire ?"

Amadeus se promit de nouveau de ne pas laisser des tests trop intrusifs être réalisés sur lui et attendit sagement que le lycan lui donne congés.

"Excuse-moi si j'ai laissé pensé par ma formulation que Johannes et toi aviez votre mot à dire. Ce n'était pas une demande mais une affirmation. Mon rôle est de lui éviter ce genre d'erreur, si possible. Alors n'en parlons plus."

Imshael avait planté son regard dans celui d'Amadeus, il le voulait sévère néanmoins le garçon ne modifia en rien son attitude : ses yeux restèrent inexpressifs et son sourire poli ne se décolla pas de son visage. En effet Amadeus n'avait en aucun cas l'intention d'obéir à l'infirmier, trop de choses étaient en jeu pour lui et il ne laisserait pas passer une occasion de se rapprocher de l'une de ses proies, surtout maintenant que la chose était déjà engagée. Il était d'ailleurs très sceptique quand à la marge de manœuvre du lycan. Que pouvez-t-il bien faire si Amadeus refusait d'obtempérer et que Johannes semblait accepter sa présence ? Les professeurs ne feraient surement rien, du moins rien d'assez rapide pour qu'Amadeus s'y intéresse. Le garçon n'était cela dit pas assez stupide pour commencer à fanfaronner et à narguer le lycan, c'est pourquoi il se contenta de répondre d'une voix douce :

"Très bien n'en parlons plus."

Amadeus n'avait ni rien infirmé, ni rien confirmé et pourtant une personne peu attentive pourrait interpréter sa réponse comme un consentement aux propos d'Imshael, ce qu'elle n'était pas. Il avait toujours été particulièrement doué pour ce genre de choses, ne pas dire toute la vérité sans pour autant mentir, laisser entendre ce que son interlocuteur voulait sans pour autant revenir sur ses propres positions. Il le faisait de plus en plus souvent surtout depuis qu'il avait appris que les monstres existaient, ainsi si l'un d'entre-eux avait le pouvoir de repérer la vérité et le mensonge, sa capacité serait inefficace sur lui.

"Je comprends que tu ne m'apprécie pas beaucoup... mais tu restes un cas d'école que je ne peux pas laisser passer.De légers petits détails me font penser qu'il serait utile que l'on se revoit. Mais je ne peux pas t'en parler sans m'être penché davantage sur le sujet."

La réaction d'Imshael fit légèrement hausser les sourcils à Amadeus, il n'avait jamais dit ne pas l'apprécier, il était toutefois compréhensif que le lycan le déduise de la méfiance dont Amadeus avait fait preuve à son égard. Elle ne lui était pourtant pas destinée personnellement et Amadeus adoptait le même genre de comportement envers à peu près tout le monde, il était incapable de faire confiance et ce depuis de nombreuses années et se montrait désormais instinctivement méfiant. Il n'avait cela dit aucun ressentiment particulier envers le lycan, celui-ci s'était montré courtois et plutôt perspicace durant leur entretien et c'était là une qualité qu'Amadeus appréciait. Sa profession le mettait toutefois mal à l'aise, Amadeus ayant des choses à cacher concernant ses origines. Réfléchissant à la façon de présenter la chose, Amadeus finit par répondre :

"Ne pas vous apprécier ? Je vous assure que ce n'est pas le cas mais j'ai un passif avec les médecins, je ne le nie pas. Je m'excuse si mon attitude vous a offensé."

Pensant un instant au médecin qui les avait soigné durant toutes les années que sa sœur et lui avaient passé entre les griffes de leur père et qui avait gardé le secret sur les sévices qu'ils subissaient contre ce qu'il avait appelé "une juste rémunération", le regard d'Amadeus s'assombrit, bien que cela ne soit pas la seule raison, cela avait en effet fortement attaqué son respect et sa confiance envers le corps médical. Secouant la tête comme pour en faire sortir ces noirs souvenirs, Amadeus ramassa son sac qu'il avait déposé dans un coin de la pièce en arrivant, la visite médicale était terminée et il était temps pour lui de prendre congés. Il remercia le lycan pour son temps puis lui dit au revoir avant de sortir de la pièce. Il repensa à cette rencontre avec l'infirmier de l'école, elle avait été instructive et Amadeus devrait faire plus attention concernant son espèce s'il voulait rester ici. Concernant Johannes, Amadeus restait confiant et doutait que le lycan puisse réellement intervenir, le plan d'Amadeus était simple et consistait à utiliser Johanens comme moyen de pression contre l'un de ses proches. Et comme l'avait dit un jour un grand général : c'est parce que c'est simple que c'est imparable.