Un doux rêve

Le soleil se couchait dans un ciel de feu. Pour la dernière fois de la journée, il offrait au paysage ses derniers rayons de lumière qui vinrent se refléter dans l'étendue d'eau présente devant nous. Que la demoiselle était belle ainsi illuminée de l'éclat du crépuscule. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid mais qu'importe la température tant que je l'avais à mes côtés. Même armé du meilleur acier au monde, je me retrouvais complètement sans défense devant elle. Je ne pus empêcher un sourire de naître aux coins de mes lèvres à cette pensée. La demoiselle avait dû le remarquer car elle me demandait pourquoi je souriais. Que le son de sa voix était  doux à mon oreille. Il résonnait et me faisait frémir de plaisir. J'étais heureux et me considérais chanceux de pouvoir l'entendre. Alors que ma main se posait sur la sienne, je tournais me tête vers elle pour la regarder. Ses longs et magnifiques cheveux roses volaient au vent alors qu'elle me fixait amoureusement tout en ayant un grand sourire pour moi. Je devais sans doute rougir tant j'avais le feu aux joues et le cœur qui battait la chamade. Je plongeais mon regard dans le sien. Ses yeux avaient le don de m'envoûter. Prenant mon courage à deux mains, j'entrepris de lui donner un baiser. Délicatement, j'avançais mon visage. Nous nous rapprochions l'un de l'autre si bien que nos lèvres ne furent jamais aussi proches et qu'enfin...

En se mettant à sonner, l'alarme du réveil venait de chasser le silence de ma chambre pour me réveiller. Déjà le matin... Jamais je n'avais trouvé un réveil si frustrant. Evidemment, ce ne pouvait être qu'un doux rêve mais j'aurai voulu pouvoir le prolonger ne serait-ce que d'une seconde. Une seule et unique seconde durant laquelle j'aurai côtoyé l'impossible. Je soupirais avant de me redresser. Je m'asseyais dans mon lit, dans une chambre toujours plongée dans l'obscurité de la nuit. Il devait bien rester deux bonnes heures avant que les premiers rayons du soleil ne viennent éclairer l'horizon. Si je me réveillais si tôt le matin, c'était surtout parce que j'aimais avoir du temps pour moi, pour me préparer. Je me levais de mon lit et sortais dans ma chambre sans ouvrir la lumière. Les néons situés à l'extérieur de l'appartement produisaient une faible lumière qui me permettaient de me déplacer sans que j'ai à chercher un interrupteur. Sans un bruit, je me dirigeais vers la salle de bain. Je passais devant la porte fermée de la chambre de Yamai. Je m'y arrêtais, la regardant d'un air pensif. La demoiselle devait encore dormir à cette heure-là. Je me pris à m'imaginer me blottir contre Yamai avant de soupirer. Aujourd'hui encore, j'allais devoir agir en gardien et non en amoureux transi. Aujourd'hui encore, j'allais souffrir en silence de désirer l'impossible. Dans le plus grand des silences, je me remis en quête de la salle de bain. Une fois dedans, je verrouillais la porte.

J'enlevais le short qui me servait de seul et unique vêtement de nuit, le pliais et le déposais à côté de mon linge avant de me saisir de mes affaires de sport que j'avais préparé la veille au soir. Comme je l'ai dit plus tôt, je me lève tôt pour avoir du temps pour moi. Cela signifie qu'en plus du temps que je prend pour me préparer, je compte le temps de faire mon footing matinal. Rien de mieux pour se réveiller que de courir à la fraîche. Je me préparais donc à la va vite, enfilant caleçon, jogging, t-shirt et pull avant de sortir de la salle de bain. Mon esprit occupé par la musique que me balançait mon mp3 dans les oreilles, je ne faisais pas attention à savoir si Yamai était réveillé ou pas mais je m'appliquais quand même à faire le moins de bruit possible. Je préparais donc la table du petit-déjeuner et mit la cafetière en route. Prévoyant, je décidais de laisser un petit mot à Yamai.

Papier: "Yamai... Si tu es réveillée avant mon retour, peux-tu me faire couler une tasse de café sans sucre s'il-te-plait ? Merci d'avance."

La note écrite, je l'aimantais sur le réfrigérateur. Je m'emparais de mon double des clés, des poubelles et passais la porte pour aller faire mon footing. En descendant, je jetais donc les poubelles. Ça y est. J'étais dans la rue, je pouvais enfin me mettre à courir. La nuit était fraîche et les rues silencieuses étaient vides de monde. Cela s'expliquait facilement car il était encore très tôt. Mon tour de la ville se faisant, je finis par revenir à l'appartement. J'avais bien couru une bonne demie heure. Yamai devait sans doute être réveillée à présent. Avec un peu de chance, elle en aurait même fini avec la salle de bain et j'aurai pu prendre ma douche immédiatement. Je pourrais même en profiter pour mettre mon t-shirt sale de sueur, d'alcool et de sang à laver immédiatement si tant est qu'une machine devait être faite. Je montais donc les marches jusqu'à arriver devant la porte. Alors que je mettais la main dans ma poche pour trouver mes clés, je réalisais que je les avais perdu. Je maudissais les mecs croisés lors de mon footing un peu plus tôt. Sans moyen de pouvoir rentrer chez moi, je frappais donc doucement à la porte espérant que Yamai ne vienne m'ouvrir.