2h45. Une patte blanche et noire aux doux coussinets vient s'écraser sur ma joue avec un miaulement. Je "grognais" légèrement et poussais doucement la patte qui fut retiré mais remplacé aussitôt par un museau. Je soupirais, le chat avait-il faim à ce point là pour me réveiller en pleine nuit ? Attends... Je n'avais pas de chat ! Ouvrant subitement les yeux, je fis face à une boule de poil noire et blanche à moitié couverte de terre. Je jetais un regard par automatisme à mon réveil dont les chiffres fluorescent vert luisaient dans le noir, avant de regarder à nouveau le matou qui avait fait intrusion dans la chambre. Par où était-il entré ? Mon regard balaya la chambre entière et tomba sur la fenêtre grande ouverte, les rideaux voletant au doux rythme de la brise. J'avais la réponse à ma question. Je lâchais un soupire et me décidais à bouger, le félin sautant du lit avec souplesse.

Ce qui était sûr, c'est que je ne pourrais pas me rendormir, alors autant profiter de cette "insomnie forcée" pour faire un petit tour dans le lycée et qui sait, découvrir de nouveaux lieux. Enlevant ma couverture de sur mon corps qui réprima un frisson quand la chaleur corporel du sommeil s'évapora, je pivotais sur le côté me redressant et mettant mes jambes au sol. Après m'être étirée, je passais mes mains sur mon visage comme pour le réveiller puis me levais. J'ouvrais mon armoire après mettre traînée jusqu'à celle-ci, ne faisant plus attention au chat qui me tournait autour, et attrapais quelques vêtements un peu au hasard avant d'aller prendre ma douche. Dans les environs de vingt minutes plus tard, j'étais prête, vêtu d'un short noir, dont dépassait ma queue de la même couleur, une chemise blanche trop grande pour moi et de simples baskets.

En essayant de ne réveiller personne, si ce n'était pas déjà fait à cause de ma légendaire discrétion, je quittais ma chambre pour rejoindre les couloirs de Yokai toujours suivit de ce chat. Je m'attardais sur chaque détails pour ne pas me perdre en voulant faire demi-tour. A vrai dire, ce n'était pas très prudent de ce balader la nuit ici, on ne sait pas sur qui on peut tomber. Mais je n'avais pas peur pour autant. Après quelques minutes de marche, le minet se mit à courir vers... Je-ne-sais-où... Pour je-ne-sais-quelle-raison, je me mis à courir après lui, ce qui est complètement bête et irréfléchie. Je finis par le perdre de vue et me perdre moi par le même occasion... Je regardais autour de moi pour repérer le lieu où j'avais terminé. L'odeur des fleurs est la première chose qui me frappa, c'était très agréable. Il y avait plusieurs parterres de différentes fleurs, toutes plus jolies les unes que les autres. Dans le noir, je pus reconnaitre une rose, une violette et une pensée. Mais le reste des fleurs, bien que belles, était trop "étranges" pour que je puisse savoir à quelle race elle appartenait. Trop préoccupée par la végétation du jardin, je ne vis pas la racine surélevée d'un petit arbre et fit un plat monumentale sur le sol avec un "Aie" qui confirmait que ça ne faisait pas du bien.

Je soupirais et me redressais pour finir à genoux. J’époussetais ma chemise qui, malgré qu'elle soit blanche, n'avait pas de tâches et mon short pour enlever les quelques petites saletés qui s'étaient accrochées. Je me relevais ensuite et remarquais une légère égratignure sur mon genoux gauche, je haussais les épaules, s'était trois fois rien. Relevant la tête, je tendis l'oreille en espérant entendre le chat qui m'avait fuit mais c'est un tout autre son que j'entendis. Des bruits de pas ? Quelqu'un d'autre était dans les jardins ? A cette heure ci ? Étais-ce un chat qui l'avait aussi réveillé ? Curieuse, je tentais de repérer l'origine du bruit, me déplaçant dans les jardins les oreilles redressées aux aguets, je finis par commencer à entendre une respiration. Celle-ci était lente et régulière, presque comme si la personne dormait. Je m'approchais encore et, étrangement, plus j'avançais, plus l'air se rafraîchissait. Fronçant les sourcils, je me demandais sur quel genre de personne j'allais tomber. Pas après pas, je m'approchais toujours plus, mais un autre bruit vient à me faire lever la tête. Un miaulement. Le matou que j'avais poursuivit et qui m'avait emmené jusqu'ici était manifestement coincé en haut d'un arbre. Rabattant mes oreilles sur mon crâne, je lâchais un soupire de lassitude. J'allais devoir le chercher. Bizarrement, je m'y sentais obligé.

Ne perdant pas plus de temps, je mis mon pied sur une branche basse en m'assurant qu'elle était bien solide et me hissais. Je fis de même pour toutes les branches, montant avec agilité et rapidité. Tendant le bras, j'attrapai la boule de poil apeuré qui se laissa faire et commençais ma descente plus lente vu qu'il ne me restait plus qu'une main de libre. Seulement, je ne vis pas que mon pied n'était pas totalement en équilibre sur la dernière branche basse et glissais. J’entamais alors une petite chute et, ayant oublié que j'avais le chat dans mes bras, j'essayais de retomber sur mes pieds comme n'importe quel neko l'aurait fait, mais le poids de la boule de poil fit que je perdis l'équilibre une fois mes pieds sur le sol et chutai en arrière. Je finis allongée dans un parterre de fleurs avec un sac à puces qui n'avait pas oublié de planter ses griffes dans mon bras pendant ma dégringolade. Inspirant et expirant fortement, j'avoue que je n'avais pas envie de me relever tout de suite. Grattouillant le menton du chat qui s'était installé sur mon ventre, je laissais mon autre main se effleurer l'herbe du bout des doigts. Ma main toucha une plante dont la tige avait gelée, je relevais la tête pour voir celle-ci. Un fin manteau de givre avait recouvert la fleur et ce phénomène s'était aussi produit sur l'herbe. D'habitude, cela arrivait que les matins d'hiver et non pas en plein milieux d'une de printemps alors que les températures commençaient à remonter. Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions qu'une masse son sombre pratiquement à la fin de mon champ de vision attira mon attention, je relevais un peu plus la tête et vis que s'était une ombre. Puis, progressivement, je pus voir des pieds, des jambes, des mains, des bras, un torse et une tête. J'étais pratiquement tomber au pied de la personne que j'avais entendu tout à l'heure.

J'étais, littéralement, aux pieds d'un garçon assit en tailleur contre un arbre. Il avait les yeux fermés mais n'avait pas l'air de dormir... Plus de méditer, ou quelque chose dans le genre. Je n'eus pas le temps d'essayer de partir pour ne pas le déranger qu'il avait déjà ouvert les yeux. Ses yeux passèrent d'un ambre dragonique aux pupilles dilatées à la manière d'un lézard à un bleu azur magnifique -dans lesquels je faillis me perdre- qui était mit en valeur par ses cheveux blanc comme neige en bataille. Étais-ce lui qui produisait le givre autour de nous en ce moment ? Peut être étais-ce son pouvoir... C'est son regard inexpressif, qui ne manqua pas de me faire "peur" et son soupire qui me fit sortir de mes hypothèses, il ne voulait manifestement pas de moi ici. Me redressant, j'attrapais le matou qui dormait sur mon ventre depuis tout à l'heure par la peau du cou puis me relevais. Époussetant mes vêtements des brindilles d'herbes givrés qui y étaient restés accrochés, je me tournais ensuite vers le jeune homme qui ne semblait pas beaucoup plus âgé que moi et m'inclinais légèrement en signe d'excuse en tenant toujours le chat par la peau du cou.

« Désolé, je ne voulais pas te déranger, je m'en vais tout de suite. »

Sur ses paroles, je tournais les talons et me dirigeais vers une direction inconnue. Je me sentais un peu comme Alice dans Alice aux pays des merveilles, seulement, moi, j'avais réussis à rattraper le lapin. Enfin, ici, le chat. Mais celui-ci n'était pas près de me guider. En plus, tout se ressemblait dans ce jardin ! Les arbres, les fleurs, les petits chemins de terres... Comment j'étais censé trouver la sortie de ce labyrinthe ? J'aurais peut être dû demander le chemin au garçon que j'avais croisé tout à l'heure... Le souvenir de son regard inexpressif me fit frissonner et me dissuada de faire demi tour pour aller lui demander. Je soupirais. Qu'on vienne m'aider.

Les panneaux, ça existe pourtant ? Cette école serait elle si fantastique qu'il n'y en aurait pas besoin ? J'étais revenue au point de départ. Comment je le savais ? Le givre qui s'était déposé sur la végétation autour du garçon était encore présente seulement, celui-ci était partie. Le chat s'était endormie dans mes bras. Ah la la... P'tit matou insouciant, j'aimerais être comme toi et pouvoir faire ma vie sans que je n'ai besoin d'utiliser mon sens de l'orientation pour vivre. Sortant de mes pensées, je soupirais en me disant qu'il fallait que je trouve une solution. Je pouvais toujours me transformer en chat et dormir ici jusqu'à demain mais je ne pense pas que ça réglerais grand chose, à moins d'avoir acquis le pouvoir de téléportation dans la nuit et avoir attérit comme par magie dans ma chambre. Je posais le chat au sol et regardais l'arbre contre lequel le jeune homme était appuyé il n'y a pas longtemps. Me rappelant de l'épisode avec le chat couiné en hauteur, je rayais de mon esprit le simple fait de grimper. Je n'avais pas spécialement envie de finir la fin de mes jours ici parce que j'avais bêtement glissé sur une branche. Soupirant, je remarquais alors que le félin à mes côtés commençait à s'agiter, ses oreilles étaient rabattus sur son crâne, ses poils hérissés et il regardait dans différentes directions comme si il était encerclé par des chiens errants. M'accroupissant pour être à son niveau, je me mis à regarder aux mêmes endroits que lui. Il avait l'air nerveux. Ce n'était pas bon signe.

Au bout de quelques minutes, je pus entendre un grognement sortir d'un buisson tout près. Deux grands yeux jaunes nous fixaient et des crocs blancs acérés pouvaient se distinguer à travers le feuillage ainsi qu'une épaisse fourrure grise. Un loup-garou. Un cri de surprise et d'affolement resta bloqué au fond de ma gorge. Le grand loup bondit de la végétation derrière laquelle il était plus ou moins caché avec un grondement féroce. Il avait perdu le contrôle de lui même. Ses instincts bestiaux avaient prit le dessus sur son comportement humain. Me redressant d'un bond, j'allais me mettre à courir comme le matou l'avait déjà fait depuis quelques secondes déjà mais mon pied buta contre... Une racine qui avait émergé au dessus du sol. La nature voulait ma mort ce soir ? Le loup s'approcha, il n'était plus qu'à quelques centimètres de moi, quand, par réflexe, je fis chauffer ma main comme si elle était sortie du fourre. Me tournant ma main la première, celle-ci attérit sur le museau du quadrupède qui émit un couinement aigu, venant mettre celui-ci dans la fourrure de ses pattes espérant calmer ainsi la brûlure. Je profitais de cette "distraction" pour me relever et filer à toute allure vers... PAF. Je venais de percuter de plein fouet quelqu'un.