En ouvrant les rideaux de ma chambre, les rayons du soleil vinrent à piquer mes pauvres petits yeux argentés. Mes cils battaient rapidement sous la luminosité intense qui se répandait petit à petit dans la pièce. Quelle belle journée! Je baillais en étouffant les bruits et m'avançais jusqu'à mon armoire. Qu'allais-je mettre pour un second jour au lycée? Il fallait que je fasse bonne impression, mais pas trop, qu'on m'aime bien, mais pour ce que je suis, et il fallait surtout que je reste moi-même quoi qu'il arrive.
Du bout des doigts, je pris mon pull favoris et ma jupe noire afin de les extraire de l'armoire. Il faisait un peu chaud, mais pas trop alors c'était la tenue idéale et appropriée. Je soupirais en fixant mes vêtements. Et si je ne me faisais pas d'amis? J'ai si peur de la solitude.. Et pourtant, parfois, je la réclame. Se retrouver avec soi-même uniquement, ça fait du bien et on se remet en question.

Après m'être habillée et coiffée, je pris mon sac de cours et sorti de ma chambre en vitesse. J'étais un peu en retard.. Super! C'était mon second jour ici et je suis en retard, bonjour la réputation. Mes petites jambes m'amenèrent le plus rapidement possible dans les couloirs. Je me pressais un peu, mon sac et deux livres que je tenais fermement dans mes bras, comme si je les protégeais. Je fixais un point précis sans même m'en rendre compte et je marchais, tel un robot, automatiquement dans les couloirs.
Soudainement, mon corps heurta une personne. Comme j'étais concentrée, ça m'a fait un choc et je me suis tout de suite "réveillée". Mes livres sont alors tous tombés par terre violemment. Je regardais alors l'étrangère de mes yeux étoilés.

« Excusez-moi! Gomen nasai! Pardon! » m'excusai-je avec enthousiasme.

Je ne connaissais pas cette personne, elle m'était complètement inconnue. Je commençais alors à ramasser mes livres en silence.

La jeune fille leva les yeux au ciel, et dans un soupir, elle me répondit d'un air presque blasé.

« Ce n'est pas grave... C'est moi qui aurait du faire attention ! »

Sa voix était des plus agréable à entendre. Ni trop élevée, ni trop basse, elle était plutôt calme et apaisante. Je la verrais bien faire présentatrice à la météo ou aux informations! Ça lui irait bien. Lorsque je levai rapidement mes yeux sur l'inconnue en question, je me rendis compte de la pureté de cette personne. Elle avait des cheveux d'un blanc immaculé exceptionnel et ses yeux étaient d'un bleu très beau. Ses cheveux étaient courts, aux contraire des miens, mais cela lui allait vraiment très bien!

« Excuses-moi, en quel cours vas-tu à présent ? »

Elle se pencha pour récupérer un de mes livre, à terre, et se redressa afin de me le donner en main propre. C'était mon livre de japonais. En effet, j'avais justement un cours dédié à cette matière et nous étions toutes deux en retard si tel était son cas, elle aussi.

« Non, ce n'est pas de ta faute. Je vais en japonais, et toi? » lui répondis-je, accompagné d'un sourire chaleureux.

Elle avait vraiment un visage harmonieux.

« Viens, nous allons être en retard. » m'annonça t-elle.

La jeune fille aux cheveux blancs aurait bien pu partir sans rien dire, sans rien faire et sans rien ajouter, mais elle se contenta de m'attendre pour rejoindre notre cours commun.

« Dis moi,  comment t'appelles-tu ? Moi c'est Neige,  mais tu peux m'appeler Yuki, c'est mon deuxième prénom et ça veut dire Neige justement, en japonais ! »

Elle continua d'avancer un peu dans les couloirs, qui eux, étaient maintenant vides car la sonnerie avait déjà retenti un peu plus tôt. Tous les élèves étaient alors déjà installés dans les salles de classe, en train de travailler. J'espère que personne n'allait venir nous trouver car on se ferait de suite engueuler par des surveillants et autres personnes qui s'occupent de la sécurité des élèves.

« Je m'appelle Anju! » lui répondis-je d'un ton très enthousiaste.

J'avais pour habitude d'avoir de l'énergie dans ma voix et des les expressions de mon visage. J'ai déjà vécu plusieurs moments défectueux en compagnie de gens dépressifs, et je peux l'avouer, ça n'a rien de marrant. C'est plutôt désagréable et une plaie à supporter. Mais ce n'est pas pour autant que je ne les comprends pas ; au contraire, je compatis complètement, car j'ai moi aussi, comme tout le monde, des moments de faiblesse où j'ai l'impression que tout me tombe sur la tête sans pitié. Je ne le montre pas, c'est tout. Parfois, j'ai plus l'impression d'être seule lorsque je suis entourée de beaucoup de monde que lorsque je suis dans ma solitude. C'est totalement contradictoire.

« Tu as un très joli prénom! En français, ça sonne beaucoup plus original qu'en japonais! C'est pour ça que cette langue fait partie de mes préférées! »

J'étais partante pour entamer une amitié, mais restait à voir avec Neige, si elle le souhaitait ou non.

Je la suivais alors de mes petits pas, calmement et silencieusement. J'avais un assez bon sens de l'orientation, alors je me décidai à lui indiquer le chemin en pointant du doigt une porte fermée. Je me dirigeais la première vers la salle, bientôt suivie de Neige, puis je plaquai délicatement mon oreille droite à la porte afin d'entendre le moindre bruit. Le professeur commençait à faire l'appel et nous devions être présentes durant ce moment. Je fit signe à ma nouvelle amie d'approcher, puis, une main sur la poignée, je la fis descendre afin d'ouvrir la porte.
Des tas de yeux nous dévisageaient indiscrètement et je crus pendant un instant mourir de honte. Mes rougeurs se montraient involontairement pendant que je m'excusais envers le professeur.

Deux places étaient vides, comme par hasard, à côté. Je pris place accompagnée de Yuki.